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Interview : Manon, une volontaire qui résiste

23 Avr 2025

Tribunal du changement climatique en IDF

À quoi ressemble l’éducation à la citoyenneté mondiale quand on la vit de l’intérieur ? À travers cette série de portraits, partez à la rencontre de celles et ceux qui font vivre l’ECM au quotidien. Leurs parcours singuliers, leurs engagements, leurs regards éclairent un mouvement vivant et multiple : e-graine. En mettant en lumière la diversité de ces visages, nous vous invitons à découvrir une autre façon de voir le monde, et peut-être, à prendre part à l’aventure. Aujourd’hui, nous vous présentons Manon Marc, volontaire en service civique à l’Union des associations e-graine.

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je m’appelle Manon, j’ai 21 ans. Après mon bac général en 2018, j’ai poursuivi une licence en lettres avec un parcours renforcé en sciences politiques à Poitiers, que j’ai obtenue l’année dernière avec mention assez bien. Pendant cette licence, j’ai eu la chance de partir en Erasmus à Londres pendant un semestre. C’était une expérience incroyable ! J’ai étudié sur le magnifique campus de Greenwich et vécu pleinement à l’anglaise pendant 4 mois. Je suis revenue presque bilingue, avec plein de souvenirs et de belles rencontres. J’ai découvert différentes cultures, comme la diaspora indienne à Londres, et suivi des cours passionnants de criminologie, de sexualité et de genre, des sujets que je trouvais moins abordés en France.

Comment as-tu connu e-graine ?

En septembre dernier, j’ai commencé un master de droit international et droits européens à Poitiers, même si mon premier choix était un master en droits humains. Finalement, ce master ne me correspondait pas vraiment. Je me posais beaucoup de questions sur ma place et sur le sens de ce que je faisais. J’ai décidé d’arrêter en octobre et de me tourner vers le service civique. En cherchant sur Bordeaux, je suis tombée sur e-graine. La mission d’accompagnement du programme Un Univers Citoyen m’a tout de suite parlé et Roxane, la responsable du programme d’éducation aux migrations Un Univers Citoyen, m’a contactée rapidement. Le feeling est tout de suite passé, et j’ai rejoint l’aventure.

Qu’est-ce qui t’a surpris lors de ton arrivée ici ?

Dès mon arrivée, j’ai tout de suite ressenti que j’étais à ma place. Ça peut sembler cliché, mais l’ambiance, les valeurs et la manière de penser ici résonnaient totalement avec moi. Ce qui m’a vraiment frappée, c’est la bienveillance qui règne dans l’équipe. Je m’attendais à un cadre professionnel classique, avec des codes stricts à respecter, mais au contraire, l’environnement est bien plus libre et décontracté. Chacun peut être lui-même, s’exprimer librement, s’habiller comme il le souhaite… Il y a une vraie ouverture d’esprit qui m’a séduite et dans laquelle je me reconnais. Ce n’est pas un travail traditionnel au sens strict du terme, c’est un engagement qui nous permet de faire ce que nous aimons., dans un cadre beaucoup plus humain et inspirant. C’est cette approche qui m’a le plus marquée et que j’apprécie profondément chaque jour en venant travailler ici.

Qu’est-ce que tu apprécies au sein du mouvement ?

Il y a tellement de choses que j’apprécie ici ! Avant de rejoindre e-graine, je ressentais un vrai besoin de donner du sens à mon engagement et d’avoir un impact concret. Aujourd’hui, chaque tâche que j’accomplis contribue directement aux actions du mouvement, et c’est ce qui me motive au quotidien.

Concrètement, je mets à jour les contenus d’animation et les outils pédagogiques. Je participe aussi à la communication du programme, aussi bien en interne auprès des associations régionales qu’en externe. En parallèle, je soutiens l’animation du réseau et la coopération interne. Et comme le sujet des migrations m’intéresse particulièrement, je me forme en continu grâce à une veille sectorielle. Ce qui me plaît, c’est la diversité des missions et la possibilité d’apprendre tout en ayant un réel impact.

Ce qui me marque aussi, c’est l’état d’esprit du mouvement. Dans l’actualité, on parle souvent des crises environnementales, sociales et politiques avec beaucoup de pessimisme, et c’est parfois difficile de garder espoir. Ici, au contraire, il y a une dynamique optimiste qui donne envie d’agir. Là d’où je viens, à Busseau, dans les Deux-Sèvres, cette énergie collective est moins présente, et ça change tout d’évoluer dans un environnement qui croit en la possibilité d’un avenir meilleur. C’est un vrai souffle d’air frais, ça booste le moral au quotidien et ça donne envie de continuer, d’avancer, et de faire bouger les choses à notre échelle.

J’apprécie aussi énormément le fait que l’éducation soit au cœur du projet. Ce n’est pas juste une valeur affichée, c’est réellement le moteur du mouvement. Il y a une vraie volonté de transmettre, de sensibiliser et de donner à chacun les outils pour comprendre et agir. C’est inspirant de travailler dans un cadre où l’on se sent utile chaque jour, entouré de personnes qui partagent ces convictions et cette envie de faire bouger les lignes.

Que dirais-tu à quelqu’un qui souhaiterait s’engager ?

Je dirais à quelqu’un qui hésite de ne surtout pas avoir peur de s’engager. Les études, c’est génial pour apprendre et se cultiver, et j’adore ça. Mais souvent, on reste dans la théorie sans voir comment ces connaissances prennent vie sur le terrain. Rejoindre e-graine, c’est justement donner du sens à tout ce qu’on a appris, comprendre que ça peut vraiment être utile et avoir un impact concret. Ce n’est pas juste du savoir accumulé dans un coin, oublié sur une feuille ou dans un fichier.

L’engagement, ce n’est pas seulement pour les autres, c’est aussi une expérience profondément enrichissante pour soi. Chaque jour, nous avons le sentiment d’être utiles, et c’est une sensation incroyablement gratifiante. Quand on rentre chez soi le soir, on sait qu’on a contribué, même à une petite échelle, et ce sentiment est hyper gratifiant. Et puis, être jeune aujourd’hui, c’est aussi porter une énorme pression face aux crises environnementales et sociales. On peut facilement se sentir impuissant ou submergé par l’angoisse de l’avenir. S’engager, c’est une façon de transformer cette peur en action, de ne plus être seul face aux défis du monde, et de rejoindre une communauté qui partage les mêmes valeurs. Ça rassure, ça motive, et ça donne la conviction qu’ensemble, on peut réellement construire quelque chose de meilleur.

Si e-graine était une chanson, laquelle serait-elle ?

Même si je suis née dans les années 2000, j’ai une vraie passion pour la musique des années 60-70. Si je devais choisir une chanson pour représenter e-graine, ce serait Résiste de France Gall. Ses paroles sont puissantes et résonnent particulièrement avec l’esprit du mouvement. Elle parle de tenir bon face à un monde qui semble parfois dérailler, de rester fidèle à ses valeurs même quand on a l’impression d’être à contre-courant.

C’est exactement ce que symbolise e-graine : une volonté de résister, de ne pas céder au fatalisme, et de continuer à croire en un avenir meilleur. Cette chanson transmet une énergie incroyable, une force qui pousse à l’action et rappelle que, si l’on s’unit et que l’on y met du cœur, un monde plus positif est à portée de main.

Un grand merci à Manon pour son témoignage et surtout, d’être engagée à nos côtés !

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