1. Accueil
  2. Projet
  3. Avec le projet Repor’terre, les enfants s’écoutent et travaillent ensemble : compétition vs coopération

Avec le projet Repor’terre, les enfants s’écoutent et travaillent ensemble : compétition vs coopération

20 Fév 2024

Anna Hublier est animatrice chez e-graine IDF depuis quelques mois. Comme Inès dans un article précédent, Anna souhaite partager son expérience d’animation sur le projet “Parcours Repor’terre pour la biodiversité”. Ce parcours consiste en 5 séances auprès de collégien·nes pour sensibiliser à la biodiversité à travers les multimédias. Dans cet article, elle raconte comment les méthodes de pédagogie active renforcent la coopération et l’écoute entre les enfants.

Le Parcours Repor’terre pour la biodiversité : qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un parcours qui, comme son nom l’indique, mêle environnement et journalisme. Le projet comporte 5 séances auprès de collégien·nes, la plupart du temps des 6ème et des 5ème, et a pour objectif de créer avec les élèves un média de leur choix pour parler de biodiversité : article de journal, podcast, affiches, exposition, vidéo…

Pour ce faire, on commence par deux séances qui abordent respectivement le thème de la biodiversité et des médias, pour les amener à réfléchir sur ce que c’est, ce que ça veut dire pour eux, quelle vision ils en ont. Par la suite, on organise une sortie dans un espace vert à proximité, comme un parc par exemple, pour aller interviewer des passant·es et des employé·es.

À travers ce projet, les enfants s’interrogent sur la posture d’un reporter, sur l’attitude à avoir lorsqu’on réalise un micro-trottoir, et sur quelles questions poser. Une fois les prises audio, vidéo et photo réalisées, on passe au montage et à la réalisation du média choisi pour pouvoir le restituer dans le collège des élèves lors de portes ouvertes ou d’évènements importants.

Qu’est-ce que ça produit chez les élèves, un tel projet ?

Dès le début des séances, je remarque un problème commun : les élèves ont beaucoup de mal à travailler ensemble, à s’écouter les uns les autres et à se respecter. Le parcours reposant beaucoup sur le travail de groupe et sur des moments d’intelligence collective, j’étais assez inquiète. J’ai aussi constaté un rejet de l’autorité de la part des élèves, ce qui m’a amené à réaliser que l’éducation nationale nous apprend surtout à être individualiste et compétiteur·ice. L’école nous incite à être le·la meilleur·e du groupe, à entretenir un rapport de supériorité ou d’infériorité avec nos camarades.

Avec le projet Repor’terre, les enfants passent d’une attitude compétitive à une attitude coopérative, avec l’objectif de créer un projet ensemble. Par les méthodes de l’éducation populaire, j’ai senti les enfants plus actif·ves dans leur apprentissage, plus à l’écoute et bienveillants entre eux, plus dans l’échange de connaissances que dans le jugement. Car l’apprentissage ne passe pas seulement par les adultes dits “sachants” mais par chaque personne autour de nous.

Quelle méthodologie as-tu mis en place pour créer de la coopération ?

Dans un premier temps, j’ai construit avec les élèves des accords de groupes. L’objectif est que les élèves proposent eux-mêmes les règles pour le groupe afin de se responsabiliser sur leur comportement. Choisir ses règles plutôt que les subir par quelqu’un d’autre a semblé leur plaire et les mettre plus à l’aise.

Dans un deuxième temps, j’ai proposé des activités avec de la pédagogie active, comme un débat mouvant, un chamboule-tout sur la chaîne alimentaire d’un écosystème, un jeu de rôle pour rentrer dans la peau d’un reporter… Ces activités ont permis de favoriser l’écoute des autres, le travail en équipe, le respect des temps de parole, et donc la coopération.

Un ou plusieurs conseils sur des techniques d’animation pour favoriser une relation de confiance entre les élèves ?

Je dirai tout d’abord de privilégier toutes les opportunités où les élèves peuvent sortir du cadre classique, c’est-à-dire du cadre de classe où ils sont assis·es avec un professeur “sachant” debout au tableau. Un enfant a besoin de bouger, s’exprimer et jouer pour retenir quelque chose. Proposer des activités en mouvement favorise donc la libération des élèves. Je pense que c’est ça l’essence même de l’éducation populaire : cette horizontalité entre l’animateur·ice et les élèves permet de créer une relation de confiance, et incite à prendre la parole, même si on se trompe ou qu’on a peur de ne pas savoir. Les élèves se sentent valorisé·es puisqu’ils·elles se considèrent sachant·es, et ont un rôle à jouer dans la transmission du savoir. Au fur et à mesure des activités et des séances, j’ai vu que les élèves s’ouvraient un peu plus et exprimaient plus librement leurs opinions, qu’ils devenaient plus sensibles et se sentaient plus concernés par les sujets environnementaux, ce qui était une victoire pour moi.

De plus, le fait de construire quelque chose de concret ensemble nous éloigne de l’aspect compétition du système scolaire pour plutôt nous rapprocher d’une solidarité et d’une complémentarité entre les élèves. C’est là tout l’intérêt d’un parcours : pouvoir constater l’évolution du public à qui on s’adresse et adapter au mieux les animations à leurs besoins et demandes, pour pouvoir les accompagner au mieux à l’engagement. Je n’en suis encore qu’à la moitié du parcours avec ces deux classes, et j’ai très hâte de continuer à suivre leur évolution mais aussi d’évoluer avec eux !

Articles récents