Qui n’a jamais été confronté, dans un bar ou lors d’une discussion en famille, à l’incontournable : « Non, mais ça sert à rien de lutter pour changer le monde. Arrête de te fatiguer.» ?
Et, bien souvent, on n’a pas beaucoup de répondant. C’est que le sujet est vaste ! Mais voyons ensemble si cette réflexion est vraiment fondée.
En général, cette phrase est appuyée par un argument imparable. Le truc qui fait que, sans un doctorat en la matière, il va être très difficile d’être crédible sur le sujet.
Surtout que les médias, qui parlent quotidiennement de toutes ces crises économiques, environnementales, ou sociales, ne sont pas là pour nous aider.
Tata Huguette va aisément pouvoir nous contrer avec : « Le monde est fou, on voit que des horreurs à la télé ! »
Ce sont des situations déstabilisantes, car nous sommes convaincus de l’inverse et refusons bien souvent ce « défaitisme ». Mais comment ne pas se laisser emporter par tant de preuves accablantes ?
Voyons cela à travers deux arguments auxquels nous avons été confrontés régulièrement.
Argument 1 : ça ne sert à rien, il est déjà trop tard ! Le monde est foutu.
Apocalypse par Steven Guzzardi
Climat :
Commençons par le climat, qui est souvent l’entrée principale sur les questions environnementales.
Savoir si on peut atteindre l’objectif de limiter sous la barre des 2°C le réchauffement climatique est difficile. Il y a des milliers de facteurs qui entrent en jeu, vous aurez du mal à être crédible.
En revanche, vous pouvez avancer que cet objectif est « arbitraire ». Nous ne sommes pas dans une démarche « ça passe ou ça casse ». Tous les efforts qui seront fournis pour limiter cette augmentation nous permettront à tous de mieux-vivre ensemble et de réduire les impacts. +2,5°C, c’est mieux que +3°C…
Population / alimentation :
C’est quasiment incontournable. On va vous dire qu’on est déjà trop nombreux et qu’on ne peut pas nourrir toute la planète. De nombreux spécialistes nous ont prouvé que c’était faux.
Aujourd’hui, nous produisons plus de 300kg de céréales par an et par personne, seul 200kg sont nécessaires pour être nourris correctement. Les principaux facteurs de cette « illusion du manque » sont le gaspillage alimentaire (1/3 de la nourriture produite finit à la poubelle), la production de viande (un hectare de terre peut nourrir 50 végétariens, mais seulement deux carnivores).
Bien sûr, l’acheminement des denrées dans les zones qui en manquent est un problème à résoudre, mais il n’est pas insurmontable. Nous avons donc des tas de choses à faire pour que tout le monde vive dignement.
Cadre de vie :
« On n’a pas l’intention de revenir à la chandelle ». Réduire sa consommation est un concept qui fait peur à beaucoup de personnes. Il est trop souvent assimilé à un retour en arrière technologique.
On estime qu’il faudrait revenir à un niveau de consommation comparable aux années 60 selon les calculs de global foot print, pour retrouver un équilibre avec le renouvellement des ressources de la planète. Nous sommes donc loin de la chandelle.
De plus, les avancées technologiques nous permettent d’avoir des produits économes en ressources. Ce sont davantage nos habitudes de consommation qu’il faut modifier (favoriser les produits respectueux de l’environnement et des hommes, réparer plutôt que jeter, utiliser les transports doux, réduire notre production de déchets…) que notre qualité de vie.
Argument 2 : tu crois que tu peux faire quelque chose ? C’est les politiques et les entreprises qui décident.
Bien sûr, votre action individuelle ne changera pas le monde. Mais c’est le cumul des comportements de chacun qui donnent le monde dans lequel nous vivons.
C’est donc bien le cumul des non-actions individuelles qui ne changent pas le monde et pas l’inverse !
Ne nous en cachons pas, il y a une part importante du changement de société qui doit être fait par les politiques publiques et les grandes entreprises.
Cependant, il est complètement faux de penser que nous n’avons aucun pouvoir.
Les politiques publiques sont souvent proposées par des personnes pour lesquelles nous votons. Celles-ci peuvent être soumises à des consultations publiques. Et de nombreuses avancées ont été faites grâce au soutien à des associations militantes ou à la mise en place de pétitions (découvrez seize pétitions qui ont changé le monde).
Les grandes entreprises ont une puissance économique et donc un pouvoir sur nos sociétés très important. Si toutes ne sont pas mal intentionnées, certaines peuvent s’avérer dures en affaires. Leur force est aussi leur faiblesse.
En faisant des choix réfléchis de consommation, il est possible de soutenir des structures qui proposent des conditions de travail décentes et un respect de l’environnement. Les offres s’adapteront forcément à la demande.
Ces réponses ne feront pas changer d’avis les gens convaincus du contraire (d’ailleurs, ça n’est pas le but). Mais elles vous permettront de vous rappeler que votre combat pour un autre monde n’est pas absurde et utopiste.
Au contraire, nous sommes là pour l’encourager !